Luxembourg: Affaire Bommeleeër, paravent Stay behind, l'interview avec Didier REMER (Finance Offshore).



                                                                    
 « Certaines montres s'avèrent capables de remettre certaines pendules à l'heure!»
Aime à penser Didier Remer.
 
 
 

Luxembourg le 20 Avril 2013.  Depuis le début de l'affaire, « Finance Offshore » annonce à ses lecteurs que l'affaire dite de « Bommeleeër » ne serait qu 'un « paravent » du réseau « Stay behind ». Devant la progression des efforts de certains médias luxembourgeois, Didier Remer, rédacteur en chef du site répond aux questions d'Emmanuel de Saint-Cyr.




Emmanuel de Saint-Cyr: RTL Luxembourg évoque une rencontre cruciale en 2006 entre des responsables du service du renseignement luxembourgeois SREL et le premier ministre, Jean-Claude Juncker.  Un comité restreint avec l'actuel ministre des finances, Luc Frieden, à l'époque ministre de la justice. Cette confession a été également faite par un ancien membre du SREL, André Kemmer qui confirme l'annonce aux autorités de tutelle de la piste confortant l'implication du réseau "Stay behind" dans la série des attentats « Bommeleeër » et ce dès 2005/2006, témoignage lors de son audition à huis clos par la commission d'enquête parlementaire ce mardi. Un présumé entretien de 2006  dont un enregistrement sonore semble bien exister, comme le démontre et confirme l'information de RTL, émanant de l'ancien chef de la Cour des comptes du Grand-Duché, Gérard Reuter qui parle d'une réunion avec trois membres du SREL et évoque son loyer payé par une société de sécurité pilotée par ancien du SREL. Peut-on parler du virage attendu dans ce procès?


D.REMER: Soyons francs, mais d'autant plus clairvoyants, RTL ciblait toujours plus près « du Mille »comme évoqué dans notre premier article en référence... Dès le départ, nombreux observateurs connaissaient très bien qui était potentiellement le mieux informé et quel serait l'intérêt de voir certaines personnalités de haut rang tenir en couveuse certains éléments d'informations. Ce qui ressort aujourd'hui va au moins démontrer le besoin crucial de reconsidérer ce procès qui dans l'état, va devoir reprendre son vrai sens! C'est à dire s'éviter une simple sortie vers le bas, ou l'unique non lieu général de l'aveu même de nombreux experts judiciaires. Mais il sera fort intéressant de voir le sens de la prise de position des deux intéressés en responsabilité au gouvernement et les consorts visés du SREL, à savoir Marco Mille, Frank Schneider et André Kemmer. Si Gérard Reuter dit vrai, on s'oriente vers une affaire d'état, mais le risque de limiter cette annonce au simple rang d'allégations serait sans enregistrement, tout aussi envisageable...


EDSC: Dans cet esprit, et si cette information s'avère, pensez-vous que les deux accusés sont « les lampistes de service » entre guillemets comme largement évoqué?



D.REMER: Soyons objectifs, toujours selon certains observateurs, si ces deux personnes accusées sont en l'état du dossier condamnables, alors certains pensent que Luxembourg doit revoir au plus vite toute la nomenclature de ce procès, et plus important les graves altérations qu'instiguent toutes les défaillances de son appareil de justice en démonstration. Chacun peut comprendre que je pense fortement à son obligation de garantir les droits de la défense. A ce jour, je vous demande de me citer un seul élément d'enquête, qui soit en capacité d'assurer une condamnation fiable, mieux, irréfutable...
L'exercice de la justice ne se fonde pas sur des éléments d'enquêtes approximatifs, incomplets, pire, voir clairement bâclés, comme ceux de l'aveu même de certains de leurs auteurs et ce en audience, c'est dire. Il faut reconnaître le déterminisme de la Cour, cependant, en l'état actuel du dossier, il faudra entendre le haut de l'affiche de l'affaire. J'aime à penser que nous y sommes, le bourgeon de printemps annoncé pointe et promet de si beaux jours...



EDSC: Comment expliquer l'intérêt du site pour cette affaire qui semble à des années lumières de la question « Finance Offshore »?



D.REMER: Je vous pensais un brin plus perspicace ou fin observateur, évoquer la loge P2 et Gelli, c'est à dire Gladio and co, la CIA, Stay behind, s'était l'assurance d'arriver très rapidement aux fameuses questions financières et donc les habituels circuits qui font de Luxembourg un certain point de chute, si je puis dire... Nous ne manquerons pas de revenir sur ces questions dans le détail, pour l'heure nous avons juste suggéré de ne jamais perdre à l'esprit que les circuits capitalistiques sont en général si peu éloignés de ceux de la criminalité organisée ou même de l'entremise politique. Selon de nombreux observateurs, Luxembourg ne déroge pas à cette règle, et pas moins à l'époque des attentats, bien au contraire! Certains observateurs considèrent qu'il faut s'attendre à des révélations cruciales sur certaines personnalités très en vue, d'ailleurs je ne doute pas que nous entrons dans cette logique. La boîte de Pandore promise vient de voir un de ses premiers verrous enfin exploser.



EDSC: Peut-on parler de « Bommeleeër Gate »?


D.REMER: J'aime à penser à cette loi des séries, après le « Livange Gate » de triste mémoire, il me semble à présent correct et en rien usurpé de parler de « Bommeleeër Gate », c'est acquis dans les esprits, on parle volontiers d'une affaire d'état. Imaginez, les services secrets, les politiques, les réseaux, tout un ensemble qui instigue d'utiliser le qualificatif qui correspond le mieux à l'affaire. On verra bien comment les personnes visées vont à présent se défendre. Il ne sera pas surprenant qu'une volonté de détourner le rôle du service de renseignement luxembourgeois puisse s'inviter aux débats dans les prochains jours. Là aussi, certains vont jouer la montre, encore que certaines montres s'avèrent capables de remettre certaines pendules à l'heure... De l'avis de nombreux observateurs, il faut protéger toutes les données encore disponibles, mais le fait de découvrir l'existence d'une "deuxième cache"  d'archives entre guillemets, au château de Senningen est un élément très évocateur de l'écran de fumée entretenu par certains éléments de ces mêmes services secrets. Je ne doute pas que tous les éléments pouvant contribuer à étayer une thèse contraire à la ligne actuelle soient depuis un certain temps mis en couveuse ou clairement détruits. En l'espèce, ce n'est pas très nouveau comme pratiques. On va voir qu'elle sera la prise de position du premier ministre , ministre d'état luxembourgeois sur la rencontre évoquée, c'est à dire en comité restreint en 2006. Cette information de RTL Luxembourg est le parfait reflet que cette affaire est à présent une affaire d'état intégrale, si je puis dire. On va logiquement entrer dans la phase matricielle du dossier et donc devoir explorer toutes les ramifications qui font que d'un Gelli, à la WACL en gardant sa place de choix au réseau « Stay behind », un certain effet domino pointe. J'aime à penser que des parlementaires luxembourgeois sont enfin décidés à cette opération « mains propres » toujours plus attendue. Le travail est gigantesque, dans le sens parfait où il leur faudra faire force d'une détermination sans faille pour ne pas se faire sortir de la partition par la petite porte comme le Livange Gate...


EDSC: Dans l'affaire du Bommeleeër on voit bien que les rebondissements sont la règle, pensez-vous que l'actuel premier ministre doit se mettre intégralement à table, façon de parler?



D.REMER: Monsieur Juncker est un homme qui sera en capacité de faire la lumière sur tout ce qui reste logiquement à sa portée, l'erreur serait de conclure sur une incapacité de celui-ci à donner un plein quitus au bon peuple de Luxembourg. Il voit bien que le temps n'est plus vraiment aux cachotteries ou demi-mesures, voir demi-secrets comme ceux encore défendus pour raison d'état. Une accélération est très palpable dans le giron politico-médiatique luxembourgeois. Certains comptent d'autant plus sur son sens et sa responsabilité d'un homme d'état in situa, celui qui se doit préserver la colonne vertébrale de l'édifice d'une démocratie en pleine tourmente. L'heure est très grave, en effet d'autres éléments seront mis en lumière, je vous en fais la promesse, le chef d'état est à un carrefour, je ne doute pas qu'il fera tous les possibles pour sortir de cette situation et rester sur le bon chemin. Le SREL est toujours selon certains observateurs, devenu un exemple de présumées compromissions graves, elles le sont d'autant plus idéologiquement qu'elles pourraient le devenir concrètement par certains faits graves, jugés comme inadmissibles par certaines sources. La commission d'enquête parlementaire doit à présent faire un travail très poussé sur les aboutissants et donc tenants du dossier. Nous entrons dans ce temps, une de nos sources me disait encore qu'il faut sortir de cette suspicion qui tente à se généraliser. Aujourd'hui, certains ne cachent pas qu'il faut impérativement reprendre la main sur ces pratiques d'un autre temps. Leur principale inquiétude est de devoir constater que des personnalités vertueuses s'avèrent moins fiables qu'elles tentent à le faire croire depuis tant d'années. De l'avis de certains, une grande déception risque de devenir la règle, on ne sort pas indemne d'un tel climat, toute la classe politique est en ébullition.



EDSC: Luxembourg amorce un certain virage, code de déontologie, assouplissement de certains fondamentaux comme avec l'échange automatique d'informations, commission d'enquête sur le service de renseignement de l'état, peut-on parler de changement de paradigme?


D.REMER: Je connais des personnes qui se disent enfin optimistes sur l'issue de ce climat pour le moins très contraint. C'est une occasion pour ce pays d'imaginer un avenir plus serein, dépassionné. L'affaire Bommeleeër peut devenir salutaire. Mais attention, s'attaquer à certains réseaux ou personnalités peut s'avérer lourd de conséquences, ce pays se caractérise par une très grande proximité de ses élites. Il y a un risque de voir un effet domino, celui qui est encore redouté dans les nombreux conciliabules.


EDSC: Soyez plus précis...


D.REMER: Un pays de 580 000 habitants avec un ancrage aussi fort, fait force d'une incroyable proximité, et je m'en ouvre souvent avec mes amis luxembourgeois, j'ai une grande confiance sur son avenir. Aussi négative semble devoir se révéler cette grande proximité par certains effets pervers, elle devrait logiquement évoluer vers une union d'un certain bon sens retrouvé. Assurer une vision à long terme plus bénéfique. Mes amis connaissent ma sincérité, je ne suis pas adepte des logiques actuelles du Luxembourg bashing, j'aime à penser qu'il faut toujours se refuser aux sirènes de la caricature, elles sont souvent la résultante d'une méconnaissance totale de tout ce qui fait l'histoire de ce pays, ses forces, ses qualités. Si ce procès s'avère comme une occasion de faire un certain tri, qu'il soit fait sans états d'âme et avec conscience. C'est une évolution sociétale intéressante, si le premier ministre, ministre d'état veut en être le garant, il doit pouvoir encore jouer une bonne carte.

EDSC: Si je vous comprends bien, vous pensez au courage politique?

D.REMER: Un homme d'état se caractérise d'autant plus par cette capacité morale, c'est à dire à monter au créneau quand la nation lui demande. Depuis quelques mois, Luxembourg ne fait pas exception à cette règle...

EDSC: Si l'affaire Bommeleeër est bien un paravent « Stay behind », doit-on conclure à l'entremise de la CIA et donc aux logiques qui poussèrent à secouer certains états européens pour qu'ils se mettent en bon ordre durant la guerre froide?


D.REMER: Nous reviendrons dans le détail sur cette hypothèse, pour l'heure le désordre organisé peut effectivement participer à l'établissement d'un certain retour à l'ordre... Mais la guerre froide devait laisser un certain goût amère par certains aspects de cette politique parfois détournée à des fins pas toujours très catholiques... J'ai bon espoir dans le parfait sillon creusé par certains médias luxembourgeois.
 
 
 
 
 
 Affaire BOMMELEEER paravent Stay Behind!...




Pour comprendre, vous pouvez toujours lire notre dossier sur l'affaire avec ce lien actif. Finance Offshore tient à remercier ses nombreux contributeurs et lecteurs du Grand-Duché de Luxembourg et trés nombreux de la sphère francophone internationale, visiblement trés passionnés par ce procès!







 
 
 
 
 
 
 
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