Zone euro: 21 Juillet: Un plan pour unifier l'ensemble de la dette des états?



21 Juillet 2011, rendez-vous crucial....

Rivalité

Depuis 18 mois, la Grèce focalise l'ensemble de la problématique de la Zone Euro. Les  différentes initiatives pour sortir l'ensemble des états confrontés à la crise de la dette sont autant de bonnes volontés qui cachent une succession de séquences toujours plus scabreuses. L'Europe est un ensemble qui souffre d'une réelle absence de cohérence, un modèle économique qui se fonde finalement sur l'esprit d'un fédéralisme maintes fois retoqué. La raison? Une construction qui s'est opérée avec autant de réalités que d'états. Un système monétaire qui s'est laissé dépasser par les fondamentaux d'une mondialisation toujours plus accélérée . Une rivalité à peine voilée entre des états jadis piliers de cette même construction, celle d'un modèle économique qui se confronte aux nouveaux équilibres. Les pays émergents d'un côté, les pays riches de l'autre, des pays pauvres et finalement tout un ensemble d'états qui se fondent dans une masse qui instrumentalise ses propres déséquilibres quand elle ne les subit pas.

Ressort

L'Union européenne est aujourd'hui confrontée à ses vieux démons, mais son histoire démontre qu'elle est toujours parvenue à se donner les moyens de dépasser ses différentes crises. Le climat actuel rend très rares ceux qui tiennent encore pour acquises les nombreuses leçons du passé. L'histoire de l'Union repose sur cette capacité de ressort, celui d'une indéfectible mutualisation des états pour trouver une issue favorable à sa pérennité. Aujourd'hui, le focus est celui d'une crise de la dette qui cristallise à elle seule toutes les inquiétudes, reflets des incohérences parfois les plus flagrantes... 

Donner sens

Le 21 juillet prochain, les chefs d'états de la Zone euro passeront des conciliabules au conclave. Tous devront impérativement donner sens à l'unité de la Zone euro, tous devront comprendre que ce rendez-vous sera celui d'un destin commun. Nul ne pourra se soustraire aux enjeux qui feront de cet opus celui d'une responsabilité ainsi partagée. L'avenir de ce modèle économique sera bien entre les mains de ceux qui représentent des peuples aux réalités certes différentes, mais toujours égales en inquiétudes. Le signal qui sera donné devra assurer autant de gages que nécessite la gravité de la situation. Marquer cette gravité ne doit pas occulter le fait indispensable de la relativiser.

Succession systémique

Depuis des mois, la Zone euro s'enferre dans une logique factuelle, une logique de l'urgence qui se doit de traverser tout un ensemble de pressions. Désireuse d'en découdre, elle doit composer avec le réalisme qui s'impose comme une véritable leçon de mémoire collective. Alors que nombreux crient au non-sens, d'autres se perdent en analyses toujours plus contradictoires. Certains parlent de sortir la Grèce de la Zone euro alors que d'autres vous expliqueront que le "simple défaut partiel" serait aussi lourd de conséquences qu'un défaut intégral, celui qui se retrouve actuellement  "virtualisé" pour s'éviter le sort qu'il suppose. La Grèce totalise 350 milliards d'euros de dette, elle se retrouve confrontée au scénario qui ne pourra se satisfaire d'un ensemble de mesures à court terme. La simple évocation du montant de l'ampleur de la dette suggère une solution impérativemet sur du long terme. Les conséquences d'un défaut grec tant redouté son largement perçues par les opinions publiques. Le signal d'un évènement de crédit entraînera une succession systémique pour l'ensemble de la Zone euro. Les analystes les plus réalistes sont toujours dans l'incapacité objective de quantifier les conséquences sur l'ensemble de la zone, cependant un large consensus évoque une contagion au delà de ses frontières...

Pré-carré

La Banque Centrale européenne ne cache pas qu'il serait suicidaire que la Grèce cesse de payer toute ou partie de sa dette, elle serait logiquement dans la posture d'un état clairement identifié en faillite. L'effet domino serait d'autant plus dévastateur pour  toute la zone alors que de nombreux autres états conjuguent des difficultés en partie similaires. Il ne sera donc plus surprenant de voir certains acteurs des marchés faire usage des fameux CDS, les assurances sur les défauts de paiement, et capter ainsi les primes en rapport. Plus grave, les effets inhérents de contagion qui viendront porter un coup fatal sur les états européens qui feraient face au désordre général sur les marchés de toute la zone. Une panique démultipliée par la situation des Etats-Unis et les effets accélérés sur des pays émergents eux-mêmes très exposés. La notion de reprofilage de la dette étant la logique qui devrait éviter un tel scénario catastrophe. Un possible point de non retour toujours plus proche par la cacophonie largement répandue par les différences de stratégies souhaitées par les différents créanciers. L'implication du secteur privé est rendue d'autant plus complexe que tous ne sont pas aveugles du jeu de ceux qui campent sur leur pré-carré. La logique punitive actuelle étant la résultante de pouvoirs politiques qui donnent bien plus de gages à certains de leurs  peuples qui flirtent toujours plus avec des thèses très populistes. Pouvoirs politiques qui s'écartent du dessein matriciel de la construction européenne pour privilégier des calendriers électoraux...

Mutualisation

Depuis des mois, certains politiques pointent le besoin de fédéralisme pour les questions financières et économiques de l'union Européenne et particulièrement sa zone euro. Option qui devrait permettre une cohésion plus efficace pour la prise de décision et la définition de lois programmatiques efficientes. L'idée est séduisante, mais ne pourrait faire sens que dans le cadre précis d'une certaine redistribution des cartes. Autant dire que l'idée ferait d'autant plus consensus si d'aventure le scénario d'un effondrement de la zone euro était derrière nous. Il n'est pas rare de constater que certains ont le cruel besoin de se confronter au mur du réalisme de l'édifice européen pour devoir en tirer les meilleures leçons... Dans l'ensemble certaines initiatives font place à des propositions qui devraient pouvoir palier à cette absence de fédéralisme, l'idée des euro-obligations est une édifiante démonstration d'une capacité de mutualisation pour une solution. Outil qui offre l'avantage d'adosser une solution à un plan qui suppose une implication des principaux créanciers et états de fait exposés dans la crise de la dette, d'autant plus efficace si une notion de décote est bien organisée pour l'acquisition, savoir donner... Une logique qui s'inscrit dans la lignée d'un besoin d'unifier les européens, d'entreprendre un plan massif d'investissements, et de promouvoir le renforcement du Mécanisme Européen de Stabilité financière, dont le fonds est impérativement à définir en proportion réelle avec les nouveaux  risques inhérents avec des états qui devront renforcer la maîtrise de leurs dépenses publiques. La création d'un super ministère européen des finances tout comme celle d'une agence opérationnelle de la veille stratégique de la dette sont autant d'initiatives qui devraient donner de sérieux gages.  

Il sera intéressant de voir comment les chefs d'états qui se réuniront ce prochain 21 Juillet pourront donner à l'histoire de l'Europe une issue favorable et constructive. A suivre...

 
 
 
Photographie: Tous droits réservés

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