Zone euro Grèce: Entretien exclusif avec Didier REMER (FINANCE OFFSHORE).


Didier REMER est d'un naturel optimiste...




                             
Luxembourg, le 7 Juin 2011.




Emanuel de Saint-Cyr vous propose un entretien exclusif relatif à la crise de la zone euro avec Didier REMER, rédacteur du site FINANCE OFFSHORE.


Emanuel de Saint-Cyr: Bonjour Didier REMER, depuis des mois, FINANCE OFFSHORE ne manque pas de suivre l'évolution de la crise en zone euro. Pour faire court, il semble acquis pour l'ensemble du team FINANCE OFFSHORE que la situation doit être jugée comme préoccupante pour ne pas dire extrêmement importante pour l'histoire de l'union monétaire européenne, et donc la zone euro toute entière. Pensez vous vraiment que la zone euro est potentiellement dans une situation à l'instar de celle de la crise de 2008 aux États-Unis (Ndlr: Faillite de la banque Lehman)?

Didier REMER: Emanuel, il faut que nous soyons francs et rigoureux avec nos lecteurs, nous savons trop bien  l'un et l'autre que la crise actuelle en zone euro n'est pas un simple évènement comme ceux qui font l'histoire de l'Union monétaire européenne. Oui, la zone euro est dans une situation grave, il est temps de lever un certain voile. Celui d'une hypocrisie collective, d'un certain non sens, et finalement d'un grave manque de discernement sur les conséquences toujours plus importantes que porte cette crise. Il faut cesser ce double jeu, cette communication qui dit tout et son contraire, refuser de cautionner des thèses qui ne reposent plus sur la situation réelle et donc factuelle: la zone euro n'est plus ce modèle de courage que souhaitaient les pères fondateurs de l'Union Européenne puis monétaire! Nous sommes ici à Luxembourg, un des plus grands hommes de ce formidable dessein l'évoquait déjà ici en son temps: L'Europe doit être celle des peuples, un ensemble cohérent qui se doit de construire sans relâche, avec détermination, intelligence et pragmatisme. La guerre est née de ce manque de courage, la guerre est née de ce manque d'unité,  la guerre est née de ce manque de partage, l'Europe doit être ce lien entre les peuples, qui de la culture à l'économie devront faire force à l'union pour édifier et protéger la paix. Cet homme, n'est autre que Robert Shuman, visionnaire, très certainement le plus réaliste de ses contemporains. Il est bien cet homme qui mettait déjà en avant le risque inhérent à ce formidable défi de la création de l'Union Européenne. Aujourd'hui nous sommes dans ce temps, celui d'un rendez-vous avec notre histoire collective,  une crise actuelle de défiance absolue qui s'abat sur notre modèle économique, et très certainement dans un temps prochain, notre modèle humain. Votre question est un résumé de cette inquiétude qui s'étend alors que l'unicité de la zone euro et donc de l'union européenne se réduisent telle une peau de chagrin. Nous sommes confrontés à cette nouvelle séquence, celle d'un certain non sens.

EDSC: On pourrait se dire que vous pensez clairement que tout l'édifice de la maison Europe se fissure, et risque l'effondrement. Pensez-vous véritablement que la zone euro est dans cette situation, pensez vous vraiment que les commentateurs qui comparent notre situation avec la chute de la banque Lehman ont raison, à l'image des nombreuses salves des agences de notation?

Didier REMER: Je suis d'un naturel optimiste, vous le savez trop bien, mais je crois que depuis des mois il y a bien une succession de séquences toujours plus confuses. Les agences de notation ne sont pas uniquement des cercles de paroles, ou chacun se libère en effets d'annonces. Les agences de notation font un travail sérieux, je crois savoir que le sérieux est aussi le signe d'une capacité à dire toutes les vérités, et chacun sait que la vérité peut faire mal... je dirais pour être tout à fait complet, que le refus de la vérité peut faire d'autant plus mal. Les brillants économistes et analystes qui travaillent pour le compte de ces agences ne cherchent pas à se libérer avec de belles paroles en effets d'annonces. Nombreux économistes viennent d'institutions étatiques, celles mêmes que les  politiques ne manquent jamais d'orienter, trop souvent avec un  effet pervers du fait d'une certaine tutelle. Croire, faire croire que les agences de notation sont responsables de la crise en Grèce ou ailleurs est un non sens absolu. Dans cet esprit, pourquoi l'Union européenne s'intéresserait-elle donc  à créer son agence de notation? Vous le savez, nous le savons tous, ce qui se trame n'est pas évident, , il y a une partition qui se joue dans la coulisse, celle de nombreux antagonismes.

EDSC: Lors de notre précédente rencontre, en Suisse, nous avions évoqué avec  nos amis le risque systémique grandissant pour l'ensemble de la zone euro. J'ai le souvenir de cette discussion sur le rôle des agences de notation. A table, d'un coté ceux qui les tiennent responsables de tous les meaux, et vous, plutôt seul ce soir là, à les défendre!  Mais j'ai également le souvenir de votre propos sur "l'initiative de Vienne", faisant un rappel historique et économique sur la situation de la Roumanie et de la Hongrie qui trouvèrent une issue salutaire avec ce plan. Vous aviez très justement prédit que la zone euro viendrait logiquement à cette option, pensez vous vraiment que l'option qui s'avance est la bonne?


Didier REMER: Nous ne sommes pas dans un shéma ou les solutions sont légion. Pour être juste, il y a deux options, la première étant de reconnaître que la zone euro comme telle, n'a plus de sens, et donc de conclure "avec courage" entre guillemets que l'échec serait d'autant plus cuisant! La seconde est celle d'un ensemble de raisons qui font que la logique de l'équilibre de l'ensemble de toute la zone euro est composé de multiples réalités,  inutile de préciser ici les différences notables entre des états comme la France ou  l'Allemagne avec des états comme le Portugal et la Grèce. Le train de l'Europe est ainsi fait, une locomotive, plutôt puissante, et des wagons qui de première en seconde en troisième... Aujourd'hui, la locomotive veut arriver à l'heure, celle de la croissance! Et puis il y a les autres, le vrai problème est bien là!


EDSC: Je reconnais bien ici votre humour tout en images , mais un train qui déraille, n' arrive jamais à l'heure! Alors faut-il décrocher les derniers wagons?

Didier REMER: D'une certaine façon, oui! Mais certainement pas avec la méthode que peut suggérer votre ironie à nos lecteurs. L'intelligence est de conserver une crédibilité à l'échelle internationale, vis à vis de nos partenaires... Sur les marchés, démontrer notre capacité à être toujours plus pro actifs, efficients dans un esprit d'équipe, l'union devant pouvoir faire toujours la force, alors que  l'unicité de la zone euro semble toujours toujours plus à mettre au rang des utopies. J'aimerais savoir ce que vous pourriez dire à tous ces peuples de la zone euro qui se retrouvent dans les logiques toujours plus scabreuses, celles des différents plans d'une austérité qui tente à se généraliser comme le remède miracle de tous les meaux,  savoir enfin comment vous pourriez expliquer aux grecs que l'économie est une logique qui se construit aussi pour les générations futures, vous savez, celles qui manifestent déjà  dans les rues d'Athènes.

EDSC: Justement pour rester concret,, voyons ensemble ce qui se trame pour la Grèce, "l'initiative de Vienne" est un ensemble qui va du rollover à l'hair cut en passant par de nombreuses négociations, toujours plus ardues, votre analyse?


Didier REMER: Comme nos lecteurs le savent très certainement, la partition qui se joue est un partage entre deux grandes lignes. Dans une première séquence,  les Allemands étaient opposés à l'idée d'une restructuration de la dette grecque, puis finalement,   tentent  à se ranger à l'idée d'y parvenir. Cette solution n'est pas sans risques au pluriel! Jean-Claude Trichet s'est toujours refusé à l'idée d'une restructuration dite lourde, il s'agirait pour la Banque centrale européenne d'un trés mauvais signal, celui d'un  évènement de crédit  qui aurait pour effet d'activer les CDS. (ndlr:credit default swaps) Concrètement l'institution de Francfort met en avant et donc sur la balance le risque de l'effondrement généralisé de la zone euro. Car c'est bien du fameux effet domino dont on parle ici, avec une fulgurante contagion aux autres pays en difficulté, risque si telle restructuration est mise en oeuvre, tant sous la forme d'haircut (ndlr: une réduction de la valeur des obligations) ou même d'un simple rééchelonnement. Francfort et Paris jouent d'une certaine façon  la montre avec Berlin . Allemagne qui défend ouvertement l'hypothèse d'une restructuration de la dette grecque qui fait donc toujours plus son chemin en Europe. Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand se voit toujours plus comme  le nouveau V.R.P d'une future restructuration de la dette grecque...

EDSC: La Banque centrale européenne est relativement exposée dans la crise grecque, on parle de 46 Milliards d'euros, on peut comprendre sa réticence pour encourager une  restructuration, on parle même maintenant de "Bad Bank". Un évènement de crédit lui empêcherait t'elle  vraiment  d'accepter les obligations grecques comme collatéraux?

Didier REMER: Clairement oui, les politiques devraient faire force d'une plus grande prudence sur leurs effets d'annonces, un évènement de crédit désignerait toute action sur les titres de la dette publique grecque et conduirait  immédiatement et surtout logiquement les principales  agences de notation à abaisser leur note sur la solvabilité du pays. Le procès actuel qui est fait à la BCE est injuste, certains veulent changer les règles du jeu en deuxième mi-temps, surtout si la première était loin d'être glorieuse. La vrai réponse est bien de continuer le programme du plan de restriction budgétaire décidé avec la Grèce, les privatisations, les réformes structurelles.  


EDSC: Donc selon vous, la BCE n'accepterait plus les obligations grecques comme garanties en cas de défaut du pays?

Ddier REMER: Tout à fait, la meilleure preuve est bien de voir certaines banques qui n'ont toujours pas accès au marché interbancaire, elles ne peuvent pas obtenir de liquidités auprès d'autres banques. La BCE est en pleines discussions pour ce qui est des mesures exceptionnelles tels que des prêts pour des montants illimités à taux fixe, elle vient de décider jeudi de prolonger les mesures encore au moins un trimestre, c'est à dire jusqu'à octobre, leur retrait faisant l'objet d'une discussion largement entamée. Il faudra un certain temps dès lors que le niveau du recours à la BCE par certaines banques ayant relativement baissé, mais d'autres sont toujours exclues du marché inter-bancaire, et vous savez qu'une banque a de gros besoins de liquidité.


EDSC: On a remarqué à ce sujet sa réponse au premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker qui préside l'Eurogroupe, et qui s'était manifestement avancé un peu vite sur le dossier en parlant d'un accord avec les allemands sur l'initiative de Vienne...

Didier REMER: Oui encore que, je ne crois pas savoir que monsieur Juncker est une personne habituée à l'excès d'optimisme, il est plutôt reconnu pour être mesuré dans ses effets d'annonce. Je crois que s'était une invitation pour nos amis allemands à jouer un certain retour au "rang serré". Les Allemands ont la ferme et toujours plus logique impression de balancer des euros "par la fenêtre"en plein courant d'air... Ils souhaitent un rééquilibrage entre les contribuables européens et les investisseurs privés. Ils partent plutôt gagnants avec une opinion publique remontée à bloc, tout le monde a entendu les trucs du genre "Les états veulent sauvés les banques avec l'argent du contribuable mais refusent de voir ces mêmes banques mettre la main au panier, de qui se moque t'on? Ou encore bien plus grave la semaine dernière dans un restaurant en Allemagne: "Petits joueurs de grecs, grande claque!". Bon en dehors du fait que ce n'est pas très glorieux d'en arriver à de telles politesses, il y a une part de vérité pour ce qui est de  l'effort de contribution au plan que devrait  aussi accompagner le secteur privé. Il faut comprendre le bon peuple de Grèce se trouve finalement à des années lumière des impératifs de la BCE (ndlr: Banque centrale européenne) ou de l'Eurogroupe, par exemple le peuple grec considère toujours plus les privatisations comme "une braderie de ses  derniers bijoux de famille". C'est d'ailleurs consternant de voir l'escalade qui fait rage en Grèce,  d'entendre le premier ministre luxembourgeois annoncer avoir reçu des menaces de morts, c'est dire le faussé qui se creuse par une communication dont vous me permettrez de considérer l'absence d'efficience. D'ailleurs en Grèce le débat porte plus sur les thèses programmatiques des syndicalistes qui sont dans leur job que les thèses d'économistes ou politiques qui devraient pouvoir faire comprendre la modélisation des réformes structurelles macroéconomiques rendues indispensables par la situation du pays, ses enjeux pour le peuple et ne l'oublions jamais, les générations futures. Jean-Claude Juncker n'a d'ailleurs pas caché sa très grande difficulté pour trouver un axe de communication dépassionné qui le rendrait  assurément plus audible en Grèce.  

EDSC: On est peut être aussi un peu dans la logique de l'arroseur arrosé, il avait bien prédit à grand renfort d'effets d'annonces que le FMI pourrait refuser de contribuer à la future tranche du plan d'aide...

Didier REMER: Grand renfort d'effets d'annonces? Je veux bien que votre thèse soit retenue, mais je préfère que le président de l'Eurogroupe ne fasse jamais l'économie de nous dire toutes "bonnes vérités"  entre guillemets, qui comme vous le savez trop bien, sont en économie toujours bonnes à dire. Sans rien ajouter au fardeau de ses conseils en com, il devrait faire plus dans le warm up que le simple closing...  Mais bon je crois que l'interprétation de ses propos est souvent hors contexte. Actuellement, il est clairement un de ceux qui bataillent le plus pour que la solution soit la plus en phase avec la réalité du bon peuple de Grèce, c'est un paradoxe que de telles pratiques de populistes puissent l'atteindre , je vous l'accorde. Puisque vous évoquez le F.M.I, il est a noter que les standards de communication y sont plus efficients.

EDSC: Angela Merkel n'est pas en reste quand elle ne fait pas l'économie de la fainéantise de ceux qui sont trop souvent en vacance, évoquant les disparités entre le nord et le sud de l'Europe..

Didier REMER: Pour le coup, ce n'est pas vraiment le même objectif, une campagne électorale est une affaire de séduction avec l'électorat. La crise de la zone euro est une foire aux ballons d'essais. L'unité est de façade, mais les rivalités sont bien au centre de toutes les négociations, toujours plus ardues. Les Allemands sont en droit de penser que les pays du sud doivent revoir leur copie pour certains points, il y a des disparités qui ne pourront plus durer, mais de là à jeter l'opprobre sur tout un peuple comme en Grèce, c'est ridicule et clairement inacceptable en l'état. J'aimerais voir madame Merkel et consorts tenir de tels propos sur la place publique d'Athènes, un jour de manifestation. Les gens sont clairement à bout, leur calendrier n'est pas celui de la zone euro ou de la banque centrale européenne, il est bien celui d'un quotidien toujours plus tendu. Et ce  alors que la dette dette grecque continue à gonfler malgré la rigueur. Pour mémoire, elle est passée de 127% en 2009 à près de 140% en 2010 et dépassera les 150% fin de l'année, sans compter que 2011 peut hélas réserver encore quelques trés mauvaises surprises. C'est bien pour cette raison que l'idée d'une restructuration de la dette grecque fait son chemin, plus on attend, plus elle augmente, la solution allemande ne réduira pas le poids de l'endettement. Mais comme le soulignait hier le chef économiste de BCE, monsieur Stark: Restructurer "semble facile à première vue (...) mais il faut prendre en compte les implications, (celles d'un plan version allemande par l'implication du secteur privé),  et pas seulement pour le pays concerné.  On revient logiquement à votre première question sur les préoccupation sur le risque de contagion et donc implosion de la zone euro, M. Stark s'élève contre cette exigence répétée par l'Allemagne, elle pourrait être interprétée par les marchés comme un défaut de ce pays, lui coupant l'accès au financement sur les marchés. Elle donnerait tout juste un temps supplémentaire pour les réformes nécessaires qui selon ses ardents défenseurs pourrait s'avérer utiles pour regagner la confiance des marchés. Il propose à cette fin un échange d'obligations conduisant à un report de l'échéance des obligations souveraines grecques en circulation de sept ans... La BCE détient quelques 45 milliards d'euro de titres grecs depuis le début de la crise et n'entend pas encaisser de pertes. Elle bloque donc  toute  velléité allemande en menaçant clairement de ne plus fournir les banques grecques en liquidités si cela devait arriver.

EDSC: Mais selon  certains économistes et surtout analystes, la position de la BCE devrait obligatoirement évoluer...

 Didier REMER: Je dirais évoluer plutôt nécessairement  qu'obligatoirement. Son discours est adapté, et logiquement reste susceptible d'évolutions. Dans la première séquence de la crise, elle s'était logiquement par son rôle, opposée à toute forme de participation des investisseurs privées comme les banques et les fonds, son président, Jean-Claude Trichet, s'est récemment rallié à l'idée de demander aux banques de maintenir volontairement leur exposition à la dette grecque lorsque leurs titres arrivent à échéance. Mais si on analyse cette posture objectivement, on spécule bien plus sur un retour à la croissance et plus modestement à ses premiers signes. Ce n'est pas ce qu'annoncent les premiers rapports des experts de la troïka FMI, Union Européenne BCE. Gagner du temps, oui! Mais pour quel résultat,? des pertes abyssales supplémentaires? ou une évolution de la situation du pays qui est toujours plus hypothétique. Ce n'est pas un hasard si le pouvoir politique grec est invité à s'exprimer d'une seule voix, dans une logique de concorde. Pour conclure sur ce point,  tout évènement de crédit ou défaut, est un luxe que la zone euro ne peut se payer,  ni aujourd'hui, ni demain. La BCE est clairement dans le vrai, l'effet domino sur les pays en difficulté serait dévastateur.

EDSC: Certes, mais de trés nombreux médias et analystes financiers ont affirmé encore ces derniers jours que la BCE avaient pris des risques inconsidérés pour son bilan en rachetant des obligations grecques sur le marché secondaire tout en acceptant des banques comme garanties en échange de prêts...

Didier REMER: C'est de la com, C'est tromper l'opinion publique de vouloir pointer le seul bilan de la BCE, il faut rester sérieux,  la politique monétaire est menée avec toutes les banques centrales nationales de chaque pays membre de la zone euro, celle  qui est bien la première cliente des études des organes de contrôle de la BCE par ses liens avec  l'Eurogroupe, l'Ecofin et ses états.  L' inaction ne sera jamais l'alternative à la restructuration,  il faut une condition, chacun peut la comprendre, il faut que la spirale de l'endettement cesse.  Bon nombre d'économistes sont en droit d'en douter.





Entretien par Emanuel de Saint-Cyr
Photographie: Tous droits réservés

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