DOSSIER CLEARSTREAM: Le général Rondot, méthodologie au garde à vous! Par Didier REMER

"Le général Rondot, contredit Dominique de Villepin..."



Pour le procès du jour, le général a contredit, lundi, la version de l'ex-premier ministre sur plusieurs points clés du dossier. Sans l'ombre d'un doute, l'officier supérieur vient à la barre du tribunal pour rétablir son honneur, celui d'un grand serviteur de l'état... La déposition du général est bien celle d'un homme animé par l'intime conviction, loin de vouloir rompre avec les habitudes "de la maison"... Dominique de Villepin vient-il de subir un sérieux revers? Pour bon nombre d'observateurs présents à l'audience: "On a du mal à penser que cet homme puisse se perdre dans les méandres d'une rivalité qui consacre la haine de deux hommes, l'actuel président de la république et l'ancien premier ministre! Si l'hésitation l'emportait, on imagine tout juste un grand numéro de subtilité comme savent si bien les orchestrer ceux dont la mission est bien de faire une large place à la raison d'état..." Précisera un observateur plutôt prudent sur la prestation du général Rondot.
Pour l'ancien premier ministre, Dominique de Villepin, les écrits du général n'étaient que des "salmigondis", en fait un ensemble d'écrits qui sont bien cette "colonne vertébrale" sur laquelle se repose la procèdure... Car depuis le début de l'affaire le général est bien moqué par les autres acteurs du dossier, et ce des déclarations de Jean-Louis Gergorin en passant par celles d'un Imad Lahoud, vite remercié par les services secrets français émérites sur les questions de sélection (?). À la barre, M. Rondot se tient droit, les mains nouées dans le dos, comme au garde à vous! -«J'ai agi en tant que militaire, annonce-t-il. Je sais qu'en France ceux-ci ne jouissent pas d'une réputation extraordinaire. Mais je n'ai pas un QI de pétoncle !»
Il s'est évertué à expliquer pourquoi il tenait un tel «journal de marche». Parce que son père, grand nom avant lui des services secrets, lui avait enseigné l'importance d'une telle méthodologie qui reste trés en vogue dans les... "bons éléments du renseignements". Il a expliqué aussi cette pratique parce que, victime lui-même d'une «forme de calomnie» alors qu'il était en poste en Roumanie, dans les années 1960, il n'avait pu se défendre, faute de notes, et avait dû quitter un temps la DST (Ndlr: Direction de surveillance du territoire français). «Mes journaux contenaient des éléments versés jour après jour, heure après heure, parfois à la minute près», précise-t-il. Dès cet instant, la défense de M. de Villepin comprend qu'elle a affaire à un "sérieux élément" et finalement à un homme qui fait de ce procès une question d'honneur, la même que met en avant l'ancien premier ministre dont la défense pourra quand même "modulé" les certitudes acquises à ce général, qui ne l'oulions jamais vient d'une école particulière... Celle du renseignement, et donc avec "l'avantage" de pratiques qui sont ce qu'elles sont! De quoi rendre difficile de chercher à contester avec une méthode toute aussi efficace la chronologie et la sincérité des notes de ce général Rondot déjà "jugé" par l'ensemble des chroniqueurs judiciaires en pleine forme... Or, c'est ce à quoi la défense de l'ancien premier ministre Dominique de Villepin s'est essayée la semaine dernière avec un succès qui se relativise aujourd'hui.
Pour ce qui est des fameuses dates clés, le général Rondot est formel! Lors de la réunion du 9 janvier 2004, convoquée par Dominique de Villepin avec Jean-Louis Gergorin, le nom de M. Sarkozy a bien été cité, sous la forme de «Boksa» lié à l'idée d'un compte couplé chez Cearstream à Luxembourg. Difficile de croire, dans de telles conditions, qu'il a été fait allusion ès qualités à celui qui était alors ministre de l'Intérieur. Pour résumé, on aurait dit «Sarko», mais pas Nagy, ni Bocsa. Le général Rondot ignorait (?) d'ailleurs le "doux" patronyme complet de l'intéressé, qu'il aurait "découvert un peu plus tard en consultant le Who's Who…" Mieux, en sortant de cette réunion, le militaire se souvient avoir écrit dans ses notes : «Belle construction intellectuelle qui accroche Dominique de Villepin.»
De plus, il est évident dans l'esprit du général que les vérifications qui lui sont demandées sont conformes à une instruction du chef de l'État... Le 12 janvier, "il adresse donc un courrier récapitulatif à M. de Villepin", qui selon lui ne réagit pas : «Si ce que je disais était faux, je ne doute pas qu'il aurait décroché son téléphone pour rectifier», estime-t-il. Et jusqu'au bout, il attendra d'être convoqué à l'Élysée...
Cet opus se voit complété d'un autre épisode déterminant : la garde à vue de M. Lahoud, dans une autre affaire d'escroquerie, le 25 mars 2004. Selon l'accusation, M. de Villepin, alerté par M. Gergorin que la «source» unique et providentielle qui navigue dans les comptes secrets de Clearstream est menacée, "intime, par téléphone, l'ordre au général de le faire libérer". Ministre des Affaires étrangères à l'époque, il prétend avoir appelé l'officier de renseignement pour évoquer les attentats de Madrid, perpétrés le 11 mars. Le général maintient : l'objet principal de cette conversation était bien la mise en sécurité d'Imad Lahoud, alors que son interlocuteur affirme en avoir ignoré l'identité. Que penser de l'importance donnée ainsi à Imad Lahoud?
Troisième déclaration capitale : le général Rondot confirme la teneur de sa note du 19 juillet. Il a, dit-il, la conviction que l'affaire n'est pas nette depuis avril, mais il approche d'une certitude en ce sens et, selon lui, ne va pas tarder à avertir «tout le monde». Ce jour-là, M. de Villepin lui aurait dit : «Si nous apparaissons, le PR (le président de la République, Jacques Chirac) et moi, nous sautons.» Le témoin confirme et la date, et le propos, donnant de son interlocuteur l'image d'un homme inquiet d'être rattrapé par un complot dont il serait finalement bien plus proche qu'il ne pourrait y paraître... Autant dire que cette affirmation del'homme du renseignement est bien déterminante d'une possible thèse du complot, mais comment concevoir un intérêt évident pour les intéressés qui à ce niveau pouvaient se poser la judicieuse question des conséquences d'une telle initiative pour le moins scabreuse... L'amateurisme peut-il être à ce point érigé en principe?
Au gré de ses déclarations, le général Rondot apparaît bien comme un soldat certes un peu rigide, mais trés intelligent... Il était donc si persuadé d'obéir à Jacques Chirac par Dominique de Villepin interposé. Mais ses trés nombreuses digressions insistantes pour défendre l'honneur de ses «camarades» du renseignement sont indigestes... Il convainc davantage avec pugnacité en se décrivant plus comme tiraillé entre la loyauté au président de la République et celle qu'il doit à son supérieur hiérarchique, la ministre de la Défense - Michèle Alliot-Marie. L'abstentionnisme du directeur de cabinet de celle-ci, Philippe Marland, censé être informé en temps réel par le général, est, à ce titre, des plus surprenant... À aucun moment, comme dirait M. de Villepin, la Défense ne prend d'initiative pour arrêter la machination.
Le général Rondot cherche manifestement à vouloir restaurer sa propre image, bien personnelle, détériorée par son contact prolongé avec un Imad Lahoud, qui l'a, "testé, utilisé", pendant des mois avec le concours de Jean-Louis Gergorin. Mais, dès avril 2004, n'a-t-il pas le pressentiment que toute l'affaire est bidon, une fois que les services suisses l'informent qu'un pseudo-compte Clearstream, sur lequel il leur avait demandé de se pencher, n'existait pas ? Or, si celui-ci est inventé, tous les autres le sont potentiellement. De quoi revisiter les certitudes acquises à cette fameuse liste devenue bien vite dans l'esprit du général plutôt "fumeuse"!
«Je ne suis pas un homme de bureau, mais un homme de terrain» , aime à rappeler le témoin qui se veut ainsi un homme de missions. Dès lors, il aurait pu tirer plus tôt le signal d'alarme, d'autant qu'il avait conscience de se faire «instrumentaliser» si d'aventures sa thèse prendrait un certain avantage dans les "débats contradictoires". «Je n'ai jamais cherché à me couvrir en quarante ans de carrière» , ajoute le général. Aujourd'hui retraité, il n'a plus, en tout cas, "l'intention de couvrir quiconque!" Oui, mais la raison d'état, l'autorité même dont dépendait l'homme ne sont-elles pas suffisantes pour laisser une distance toute prudente sur un bon nombre de ses certitudes... Biens personnelles!
Source: "Le Figaro"/Afp/Divers
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