DOSSIER CLEARSTREAM: La raison (d'état) l'emporte toujours! Par Didier REMER

"Faire abstraction des coups qui vous sont portés..."


Plus le dossier avance, plus les certitudes reculent, enfermées dans le jeu des joutes oratoires des avocats qui semblent parfois ajouter volontairement à la confusion générale. En effet, il est bien difficile de se contenter du jeu qui se fait jour aux audiences, évolutions qui participent d'un fabuleux écran de fumée... La "Clearstream Academie" pourrait-on se dire, de bons points en mauvais points, le procès souligne la haine vicérale qui atomise toutes les chances d'une issue limpide et ce, au dessus des clivages qui s'affirment toujours plus haut, toujours plus forts... Mais ce que la justice française attend semble lui échapper, car les acteurs de cette partition ne sont pas des justiciables ordinaires, le casting est digne d'un grand procès, ceux qui marquent l'histoire d'un pays qui cultive cette tradition des grandes affaires que lui offrent bien les politiques. La raison l'emporte toujours, mais dans ce cas précis du Dossier Clearstream de quelle raison en est-il? Simple rivalité entre deux hommes? Tentative scabreuse de protéger les intérêts mêmes de l'état français et de l'ensemble de son appareil? Plus simplement panier de crabes... à la criée? Il ne faut pas s'attendre à un résultat qui traversera le plafond pesant de la raison d'état! Car la France, si honteuse qu'elle puisse paraître au travers de cet opus, ne manquera jamais de préserver... ce qui doit l'être! Dominique de Villepin est bien cet homme qui fidèle à l'ancien président Jacques Chirac, ne s'est jamais soustrait à cette proximité que commandait la relation avec l'ancien chef de l'état. Proximité dont l'avocat et ami, Maître Metzner est un élément clef de la défense de Dominque de Villepin, ancien premier ministre de Jacques Chirac. Mais à vouloir trop "se défendre", il risque bien d'être confronté à d'autres réalités. En face, on n'en démord plus, Maître Herzog , avocat de l'actuel président, Nicolas Sarkozy sait qu'il tient là l'occasion d'une démonstration du discrédit qu'il entretient avec un doux espoir... Cette semaine offre bien de belles occasions à ces derniers, mais n'est-il pas imprudent de laisser trop gonfler la voile ainsi quand la tempête s'invite?



Du Juge Van RUYMBECKE...


Mardi le témoignage du juge Van Ruymbeke qui avait suscité de vifs échanges mardi au tribunal. Il relatait comment, en avril 2004, il a été "mis en contact" avec Jean-Louis Gergorin lors de deux rencontres secrètes... au domicile privé d'un avocat, Thibault de Montbrial. À cette époque et peut-être encore maintenant , l'élégant et respecté ("dans le texte "Le Figaro" ") magistrat est obnubilé par l'enquête impossible qui lui fut confiée, en 2001, sur l'affaire des frégates de Taïwan (les fameuses!) et leurs rétro-commissions astronomiques. Jour après jour, il se heurte au secret-défense que lui oppose la firme Thales, «avec l'aval des pouvoirs publics ». «J'étais dans les frégates», ressasse-t-il pour mieux justifier son peu d'intérêt pour Clearstream et ses listings frelatés.
M. Gergorin constitue pour lui une aubaine potentielle, qui lui fait miroiter l'accès direct aux comptes bancaires engraissés par l'argent sale, par le truchement d'un «informaticien de génie». Chacun aura reconnu Imad Lahoud. Mardi le prétoire se gaussait. Mais en avril 2004, le juge a le droit d'y croire. Il va bientôt recevoir des lettres anonymes, puisque M. Gergorin, «polytechnicien, énarque, vice-président d'EADS», ne veut pas apparaître en procédure : il craint pour sa vie. Le prétoire, à nouveau, se gondole. Mais en 2004, le juge a le droit d'y croire, car il y a eu «trois morts suspectes en marge du dossier». «Si Jean-Louis Gergorin sait que les listings sont faux, pourquoi se tire-t-il une balle dans le pied en me les apportant ?», renchérit M. Van Ruymbeke, qui l'a donc trouvé«de bonne foi».
On connaît la suite : ses commissions rogatoires reviennent. Toutes les vérifications sont négatives. Le magistrat lâche quelques petites phrases à double détente : la deuxième lettre anonyme qu'il a reçue en juin 2004 a été communiquée au parquet le 13 juillet, qui ouvre une enquête préliminaire. C'est dans celle-ci que figure le nom de Nicolas Sarkozy. Or, le procureur de l'époque, Yves Bot, est réputé proche de lui : l'actuel chef de l'État, partie civile, aurait-il appris bien plus tôt qu'il ne le dit sa mise en cause délictuelle ? D'autant que le juge note que la partie civile du dossier des frégates, Thales, a pour avocat Me Thierry Herzog, ici conseil de M. Sarkozy Ce que nul n'ignore et dont personne ne se cache.
Vient le temps des questions. Me Maurice Lantourne, avocat de Florian Bourges (le prévenu un peu oublié qui a «sorti» les vrais listings de Clearstream avant qu'ils ne soient trafiqués par d'autres), manifestement, cherche des noises au témoin. M. Van Ruymbeke est à l'étroit, car il est sous la menace d'une mesure disciplinaire pour son comportement peu orthodoxe dans le dossier. Le ton, rapidement, vire à l'aigre. Le juge demande à l'avocat combien de fois il est venu à son cabinet, rappelant malgré lui l'attitude de Dominique de Villepin qui, mercredi dernier, glissait que Me Herzog fut un temps familier de l'Élysée et qu'il était alors «moins agressif».
Puis Me Metzner, conseil de l'ancien premier ministre, se lève. Il est, depuis le début du procès, en grande forme et s'attaque avec malice à un dossier qui n'est globalement pas favorable à son client. Le voilà qui rappelle était-ce bien utile ? qu'il a pris la défense du juge Van Ruymbeke dans le volet disciplinaire dont on n'a que faire. Puis il insiste sur ce qui, croit-il, gêne la plus célèbre des quarante parties civiles : l'ubiquité procédurale de Me Herzog, à la fois chez Thales et à l'Élysée. C'est de bonne guerre, bien que sans incidence à première vue sur la culpabilité ou l'innocence des prévenus.
Mais Me Lantourne, décidément querelleur, bondit pour un rappel à la confraternité. Me Metzner grince : «Je ne sais pas si vous êtes le mieux placé pour donner des leçons de déontologie.» Tollé. Le procès Clearstream, auquel on ne comprend pas grand-chose, va-t-il tourner à la bataille de chiffonniers ? Le président suspend. On va chercher Me Le Borgne, vice-bâtonnier désigné. À 17 h 20, il vient, solennellement, prononcer les formules d'apaisement rituelles : «Il m'a été affirmé que les propos ne visaient pas un avocat» (rires).
Voilà comment une audience se retrouve irrémédiablement polluée. La confrontation générale, prévue mardi, n'aura lieu qu'aujourd'hui, ce qui est bien tardif. Qui se souvient que Renaud Van Ruymbeke, tout à l'heure, déclarait qu'il n'avait appris que le 30 avril 2006 que le général Rondot avait mené des investigations avant lui, et en même temps que lui, sur les mêmes listings ? Qu'aucun des ministres qui le savaient (Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin) n'ont daigné l'en informer ? «J'étais dans les frégates», répète-t-il. Ce dossier, c'est aussi son piège... ("Le Figaro")




A la contre attaque de Dominique de Villepin...



Villepin a contre-attaqué mercredi lors de sa confrontation avec le général Rondot

"Toute l'histoire de ma relation avec Nicolas Sarkozy montre que, non seulement, je n'ai pas voulu régler des comptes, mais que j'ai fait abstraction des coups qui m'étaient portés", a clamé Dominique de Villepin mercredi à la barre du tribunal de Paris au neuvième jour du procès Clearstream.
Je veux bien que l'on m'accuse de beaucoup de choses, mais de rivalités, de coups tordus non. Une dénonciation calomnieuse en matière politique a ceci de particulier qu'elle signe la mort de l'homme politique", a martelé l’ancien premier ministre dans une grande envolée.
Une semaine après son audition, Dominique de Villepin s'est trouvé confronté à ses deux principaux contradicteurs :
son coprévenu Jean-Louis Gergorin et le général Philippe Rondot, témoin au procès, qui avait enquêté dès 2003 sur les listings Clearstream pour le compte du ministère de la Défense.
Dominique de Villepin a expliqué qu'il s'était contenté de demander une enquête le 9 janvier 2004 au général Philippe Rondot sur de faux listings de comptes bancaires de la société Clearstream et qu'il n'avait jamais été question de Nicolas Sarkozy.
Le général Rondot a réaffirmé que le ministre était intervenu le 25 mars 2004 auprès de lui pour faire libérer Imad Lahoud, alors placé en garde à vue pour une affaire d'escroquerie. "Je n'ai pas demandé la libération d'Imad Lahoud que je ne connaissais pas", a répondu Dominique de Villepin. "J'ai joint indirectement M. de Villepin", a ajouté Jean-Louis Gergorin. "Il ne m'a jamais joint ni directement ni indirectement au téléphone", a répliqué Dominique de Villepin.
L'ancien premier ministre s’est aussi attaqué à Philippe Rondot et lui a reproché d'avoir poursuivi son travail après le placement en garde à
vue en de sa source, Imad Lahoud. A ses yeux, le général aurait dû réaliser à ce moment que cet homme, qui avait produit les listings, était un imposteur.
Plus tôt, le président Dominique Pauthe avait commencé par confronter les faussaires présumés, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud, au général Rondot. Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud se sont renvoyés la responsabilité de la fabrication des faux listings. L’informaticien a suscité des rires dans le public et même parmi les juges du tribunal en présentant ses excuses pour ses mensonges passés. "Aujourd'hui je dis la vérité, parce que je suis libre", a-t-il déclaré.
La neuvième journée du procès a aussi été marquée par l’audition de l’ancien premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Il a défendu Dominique de Villepinet jugé normal mercredi de ne pas avoir été au courant des actions menées par son ministre en 2004. ("Le Figaro")


Pour Conclure...


Faire abstraction des coups qui vous sont portés, voilà une formule qui résume bien la tournure du procès... Mais qu'en sera t-il de l'analyse des juges qui doivent répondre à la question formelle de la possible manipulation, ses motivations, et plus important son commanditaire? Nous ne sommes que sur la corniche d'une falaise qui nous attire toujours plus à tel vide...

Nos récents articles sur le Dossier Clearstream:

Général Rondot, Méthodologie au garde à vous!:
http://lafinanceoffshore.blogspot.com/2009/10/dossier-clearstream-le-general-rondot.html
Dominique de Villepin pour l'émergence de la vérité, l'ensemble des éléments relatifs à son audience, déclarations, chronologie, réactions...
http://lafinanceoffshore.blogspot.com/2009/09/dossier-clearstreamdominique-de.html
Dominique de Villepin argumente son innocence:
http://lafinanceoffshore.blogspot.com/2009/09/dossier-clearstream-de-villepin.html
Albert FRERE "invité" dans l'affaire:
http://lafinanceoffshore.blogspot.com/2009/09/dossier-clearstream-albert-frere.html
Dominique de Villepin VS Sarkozy, le bal est ouvert... :
http://lafinanceoffshore.blogspot.com/2009/09/dossier-clearstream-sarkozyde.html
Mise en état:

Source: "Le Figaro"/ATN

Photographie: Tous droits réservés

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