DOSSIER CLEARSTREAM: De Villepin pour un flirt avec la relaxe! Par Didier REMER

"Pas moins de quatre avocats pour la relaxe de Dominique de Villepin"



A rebours

Mercredi pas moins de quatre avocats de l'ex-premier ministre annoncèrent cette logique de la relaxe qui tente à se préciser... "Un dossier que l’on a construit à rebours", partant du mobile, la rivalité Villepin-Sarkozy, pour remonter à une origine imaginaire : la culpabilité de Dominique de Villepin, a dit mercredi Me Olivier Metzner. C’est "un dossier que l’on a construit à rebours : on part du mobile pour arriver au départ", a plaidé l’avocat de M. de Villepin. "On a une cible, on en déduit l’origine, on essaie de tracer un fil entre les deux, de créer ce lien de culpabilité à l’égard de Dominique de Villepin. Et le mobile suffit en soi, c’est la preuve de sa culpabilité", a ajouté l’avocat parlant de gachis et d'un dossier vide. "Je n’ai jamais vu une ordonnance de renvoi consacrer autant de pages à un mobile", "cette rivalité ou cette pseudo-rivalité" politique entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, a-t-il poursuivi. Pour le ténor du barreau, dont la plaidoirie était très attendue, Nicolas Sarkozy n’est "pas une partie civile comme les autres". Il dispose en effet, dit-il, du soutien du secrétaire général de l’Elysée et de celui du conseiller Justice de l’Elysée. "Une fois que la justice rendue", il continuera à pouvoir "nommer les magistrats qui ont jugé et les procureurs qui ont requis", affirme-t-il.

Fantasmes
Pour l'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Herzog une différence subsiste: "Mon client est partie civile, Dominique de Villepin est prévenu!" lancera t'il à la presse au sortir du tribunal.
Au départ Me Luc Brossolet, premier des quatre conseils de Dominique de Villepin à se lever. On parlera volontier d' un plaideur inspiré et tenace dont le propos est précis et fort bien argumenté. Avec brio, il démonte le dossier Clearstream, présenté comme le carrefour de tous les fantasmes.
Parole d'Evangile
L'argument clef de Me Brossolet, est une date : 2003. L'«affaire», pour le tribunal, débute en janvier 2004, mais sept mois auparavant, Imad Lahoud, déjà, remettait un listing falsifié à la DGSE. Pour l'avocat, c'est la preuve que l'«escroc» n'a besoin de personne pour sévir, pas plus de Jean-Louis Gergorin que de M. de Villepin! Les notes du général Rondot constituent l'ossature de l'accusation. Me Brossolet se lance donc dans une entreprise méthodique de dénigrement de celui qu'il qualifie ironiquement de «témoin canonique», non en raison de son âge mais parce que ses adversaires prétendent que ce qu'il dit est parole d'Évangile. «Le général a des raisons de mentir, blasphème l'orateur. Pour protéger le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, qui a su très tôt que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur les listings et n'a rien dit ; pour dissimuler la vacuité de ses diligences. Car en réalité il n'enquête pratiquement pas sur Clearstream : ce qui compte, pour lui, c'est son fantasme, arrêter Ben Laden, grâce à Imad Lahoud, qu'il protège. Et, en décembre 2005, sous prétexte de partir à la retraite, il détruit des preuves…».
«Le général Rondot aurait eu la certitude de la fausseté des listings le 17 mars 2004, persifle l'avocat. Or, dès le 1er juin, il adressera un mail à M. Lahoud : “Vous verrai-je demain ?” C'est beau comme des amours clandestines…» Et de livrer sa vérité : Imad Lahoud, escroc compulsif, a grugé tout le monde. Quand il apprend que «ce zinzin de Gergorin», qui croit dur comme fer à ces fadaises, est allé voir le juge Van Ruymbeke (sur ordre de M. de Villepin, assure le «corbeau»), il comprend que la supercherie va être éventée : il affirme donc qu'il ne peut plus pénétrer le système informatique de Clearstream, que les 895 comptes suspects ont été fermés. Et embarque le naïf général Rondot dans une nouvelle arnaque, l'«opération Franklin». Mais c'est une autre histoire…
Relaxe
Avant de demander, au terme d'une plaidoirie jugée remarquable par l'ensemble des chroniqueurs judiciaires sur la forme et le fond, la relaxe de M. de Villepin qui, selon lui, ignorait tout, Me Brossolet s'écarte de son sillon pour dénoncer le «relent de paranoïa du tyran qui se désole parce que personne ne l'aime», ou encore le «dossier qui porte l'empreinte du désir quasi hystérique d'un prince capricieux». On aura reconnu l'une des parties civiles.

Rieurs

Dans l'après-midi, succédant à Me d'Antin et précédant Me Leclerc, Me Olivier Metzner s'était donc campé au micro. D'humeur batailleuse, il aura chargé frontalement Nicolas Sarkozy et son conseil. Pour mettre les rieurs de son côté, il imagine «Stéphane de Nagy ou Paul Bocsa se présentant à la boutique Clearstream pour réclamer l'argent» dont le créditent les listings trafiqués. Par le biais de ce trait d'esprit, il soutient que ces documents ne sont pas, juridiquement parlant, des faux, car ils ne comportent «ni en-tête, ni date, ni signature et n'ouvrent droit à rien».
Sur un terrain plus solide, il interroge le tribunal : «Pouvez-vous trouver au dossier une seule déclaration selon laquelle Dominique de Villepin a eu les listings entre les mains ? Un témoignage selon lequel il les a seulement vus ? Non. Personne ne déclare non plus qu'il a vu les lettres anonymes qui les accompagnaient dans les courriers au juge Van Ruymbeke». «J'ai l'impression d'une contagion de paranoïa aiguë, poursuit Me Metzner : tout le monde est victime de Villepin.» Il énumère quelques parties civiles, non-chefs d'État au demeurant, qui sont, selon lui, venues ici «régler des comptes», parce que cela fait chic.
Complicité par abstention volontaire

«Jamais, en France, on n'a condamné quelqu'un pour avoir omis de faire quelque chose ou n'avoir rien fait», insiste Me Metzner, à l'issue d'un exposé de son cru sur la jurisprudence, en réponse à celui du parquet qui, mardi, requérait dix-huit mois de prison avec sursis au nom de la «complicité par abstention volontaire». Pour conclure et solliciter la relaxe, il en appelle non pas à Voltaire ou à Zola, mais à… Yves Bertrand. Lequel, à cette barre, avait mis en garde contre «les affabulateurs et les mythomanes». Pourquoi cette référence à l'ex-patron des Renseignements généraux, de sulfureuse réputation ? Pourquoi pas, après tout. Me Metzner a raison sur un point au moins : dans ce dossier, on finit par voir le mal partout, même dans les propos d'un paisible retraité.
Photographie: tous droits réservés
Source: "Le Figaro"/Agences diverses

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