OCDE: Le Forum qui annonce la reprise. Par Didier REMER

"Optimisme mesuré pour Angel GURRIA..."




Le forum de l'OCDE est très certainement la meilleure occasion pour faire le point sur la situation économique mondiale. Rendez-vous d'échanges, il permet de confronter idées et opinions de ceux qui font avancer le monde. Prémices du futur G20 de Pittsburgh aux Etats-Unis il est incontestablement une occasion indispensable de marquer les avancées obtenues depuis le dernier g20 de Londres.
Des avancées?
Pour l'OCDE, la réponse est positive, la situation tente à se stabiliser sur les avancées relatives à la régulation mais "" l’économie mondiale accuse le coup d'une crise économique la plus grave des temps modernes"", comme aime à le souligner Angel GURRIA, le très réaliste secrétaire général de l'OCDE qui précise qu' ""aucun pays n’est épargné, car si la récession a démarré dans certains pays développés, les marchés émergents et les pays en développement souffrent eux aussi du ralentissement de l’activité mondiale. Angel GURRIA qui ne manque jamais de placer avec l'humilité qui est sienne l'implication de l'organisation internationale qui souhaite plus que jamais être l'élément moteur et fédérateur des bonnes volontés et initiatives pour sortir de cette crise: ""L’OCDE aide les gouvernements à trouver les moyens de sortir de la crise avec une réponse stratégique conçue pour bâtir une économie mondiale plus forte, plus saine et plus juste pour l’avenir. Des politiques cohérentes, coordonnées et déterminées ont été lancées à travers le monde, et même si nous espérons tous un retournement rapide, nous ne sommes encore qu’au début du chemin qui doit mener à la reprise. Notre tâche est loin d’être terminée.""
Une économie plus juste
Car le secrétaire général ne fait pas l'impasse sur les déséquilibres qui subsistent entre pays émergents et le reste du monde ou pointe parfois un certain protectionnisme. Il soulignera autant que nécessaire à son auditoire du besoin urgent de trouver des réponses pour ""instaurer une économie plus saine, pas seulement en luttant contre la corruption et les pratiques fiscales abusives, mais en assurant aussi une meilleure gestion de l’environnement, en particulier, des ressources fragiles comme l’eau, et en luttant contre le changement climatique. Et nous nous demanderons comment bâtir une économie mondiale plus juste, en nous attaquant aux problèmes d’emploi, d’éducation et de santé tout en recherchant une économie mondiale plus équilibrée."" Angel GURRIA qui remercie les nombreux participants au forum pour "" La contribution de ses participants aux discussions qui du fait de la crise n’aura jamais été aussi cruciale. De nombreux enseignements sont à tirer de cette crise, mais la nécessité pour les habitants de la planète d’œuvrer ensemble dans un monde en mutation rapide est l’un des plus frappants. Cela me paraît très encourageant, et pas seulement parce que la coopération est la raison d’être de l’OCDE."" Angel GURRIA satisfait d' accueillir à la Semaine de l’OCDE dans le cadre d'un forum qui veut et fait progresser réellement ""tous ensemble sur la voie d’un règlement de la crise et de la construction d’une économie mondiale plus forte, plus saine et plus juste."" Forum qui offre la possibilité à tous les secteurs de la société de jouer un rôle dans la formulation de nos réponses à ces défis planétaires. Cette année, nous examinerons comment instaurer une économie plus forte, en renforçant le gouvernement d’entreprise, en évitant le protectionnisme, en stimulant le développement et en encourageant l’innovation et la concurrence au service d’une croissance durable.""
Forum de l’OCDE qui est devenu un moment clé de la Semaine de l’OCDE, un événement incontournable du calendrier international.

Attraction particulière
En dix ans, plus de 10 000 représentants du secteur public, des experts, des parties-prenantes du monde des affaires et des syndicats, se sont rendus au Forum annuel pour échanger des idées et des expériences et jouer un rôle dans la formulation de nos réponses aux défis mondiaux. ""Nous débattons des moyens, des ministres du monde entier et des représentants d’organisations internationales se joignent à nous à Paris pour cette Semaine de l’OCDE. C’est parce que le Forum a lieu en conjonction avec la Réunion du Conseil de l’OCDE au niveau des ministres que ses participants peuvent réellement influer sur les décisions. Cette interaction confère au Forum sa force d’attraction particulière."" Précise encore Angel GURRIA dans son message.
Cette année marque le dixième anniversaire du Forum de l’OCDE. Angel GURRIA peut être satisfait du forum, la volonté affichée sest à la hauteur des nombreux défis. Mais comme l'avis de l'ensemble des observateurs présents, on peut remarquer un optimisme très mesuré qui montre le malaise profond sur cette crise sociale qui risque de remplacer durablement la crise financière. Une deuxième vague de récession pointe et de l'avis des experts présents en coulisse , elle n'est pas de nature à faire perdre le besoin impérieux d'une implication généralisée de tous les acteurs de cette délicate partition. Le forum annonce la reprise, occasion de faire le bilan d'une planète devant des grands défis qui annoncent à l'humanité toute entière le besoin d'une économie mondiale toujours plus équilibrée. Les premières mesures prises sont encourageantes, mais hélas bien loin de correspondre à l'urgence de tous ces enjeux qui sont souvent différents selon le continent, le pays...
Pour conclure, sommes-nous au bout du tunnel? Une question que tout le monde se pose! Je vous invite donc à l'analyse du chef du département économie de l'OCDE, vous devriez y trouver au moins de la lumière à défaut d'y trouver une sortie de tunnel...

ÉDITORIAL LE BOUT DU TUNNEL ?
La phase de contraction de l’activité semble devoir bientôt toucher à sa fin dans la zone OCDE, après un recul sans précédent depuis la guerre. La reprise sera sans doute faible et fragile pendant un certain temps, et les conséquences économiques et sociales de la crise seront durables. Cela étant, les choses auraient pu être pires. Grâce à l’action résolue engagée sur le plan économique, un scénario encore plus sombre semble avoir été évité. Mais il faut se garder de tout triomphalisme ; une action déterminée demeure nécessaire dans tout un ensemble de domaines.
Le mouvement de repli s’est propagé au monde entier, même si son épicentre financier se situe dans la zone OCDE. De fait, les interactions commerciales et financières ont favorisé un effondrement synchronisé de l’activité et des échanges après la paralysie des marchés financiers au second semestre de 2008. Le « découplage » ne semble avoir été qu’un mirage sur le chemin de la récession. Cependant, au moment où la sortie de crise se profile à l’horizon, il apparaît que la reprise ne sera pas simultanée dans tous les pays, en raison notamment de l’ampleur variable des plans de relance et des problèmes de bilan à corriger. Plus précisément :
 Une reprise semble déjà s’amorcer dans la plupart des grands pays non membres de l’OCDE. C’est le cas en Chine, notamment, à la faveur de vigoureuses mesures de relance monétaire et surtout budgétaire. Par ailleurs, les bilans n’ont pas été aussi sérieusement fragilisés dans ces pays que dans ceux de beaucoup de pays de l’OCDE.
 Des signes de plus en plus nombreux laissent entrevoir un redémarrage de l’activité aux États-Unis au cours du second semestre de l’année, au prix d’un effort extraordinaire de la part des autorités. Cependant, comme les effets de la relance budgétaire sur l’activité vont se dissiper mais que la croissance restera bridée par la nécessité de redresser les bilans, la reprise pourrait être exceptionnellement faible et insuffisante pour faire régresser le chômage, proche de 10 % de la population active.
 Au Japon, il est probable également que le mouvement de contraction engendré par le commerce extérieur touche à sa fin, sous l’effet notamment de mesures de relance budgétaire. Cependant, là encore, la reprise sera sans doute lente et le sous-emploi massif des capacités va probablement accentuer la déflation.
 Les signes d’une reprise imminente dans la zone euro ne sont pas encore aussi nets, en raison des effets conjugués, selon les pays, de l’éclatement de la bulle immobilière, du recul des exportations et des dommages subis par le secteur financier. Lorsqu’elle s’amorcera, la reprise pourrait aussi être lente, notamment dans la mesure où la montée du chômage n’incite guère les ménages à dépenser.
Globalement, les présentes Perspectives économiques sont les premières, depuis deux ans, à revoir à la hausse les prévisions de croissance figurant dans la version précédente – de façon particulièrement nette dans le cas des pays non membres et des États-Unis, mais dans une certaine mesure aussi dans celui du Japon. Mais la modification de la répartition des risques qui entourent les prévisions est plus significative encore que la révision à la hausse des perspectives de croissance. Cette répartition est aujourd’hui plus équilibrée. En effet, les prévisions supposent que la situation restera à peu près inchangée sur les marchés financiers jusqu’à la fin de l’année, avant de se normaliser dans le courant de 2010, mais cette hypothèse pourrait se révéler excessivement prudente.
En revanche, de nouvelles turbulences dans le domaine financier ne sont pas exclues, et les marchés obligataires risquent par ailleurs de réagir défavorablement à la forte augmentation de l’endettement public.
La récession a déjà provoqué une hausse prononcée du chômage, qui va encore s’aggraver avant que la reprise soit suffisamment vigoureuse pour inverser la tendance. La faiblesse des marchés de produits et des marchés du travail va sans doute faire baisser l’inflation au cours de la période de projection. Cependant, comme on a pu l’observer pendant d’autres périodes de marasme prolongé, son effet désinflationniste pourrait être limité, et la plupart des pays devraient échapper à un mouvement de déflation durable.
Certains observateurs s’inquiètent des effets inflationnistes potentiels des injections de liquidités effectuées par les banques centrales. Tant que le sous-emploi des capacités est important, ce risque est probablement limité. En outre, nombre des instruments utilisés pour ces apports de liquidités devraient s’auto-corriger une fois que les conditions financières s’amélioreront. Néanmoins, des mesures discrétionnaires devront être prises à un moment ou à un autre pour résorber ces liquidités lorsque la situation se normalisera sur les marchés financiers. Le calendrier et l’ampleur de ces mesures seront difficiles à déterminer, et les banques centrales devront non seulement faire preuve de discernement mais aussi disposer d’instruments flexibles pour mener à bien cette tâche.
Avec l’espoir d’une reprise prochaine, il serait tentant de relâcher l’effort extraordinaire déployé par les États au cours des neuf derniers mois. Mais ce serait une erreur. Non seulement parce qu’il faut préparer des stratégies de sortie de crise, mais aussi parce que les politiques publiques ont encore un rôle à jouer pour assurer une reprise plus rapide et plus robuste. Certains pays ont pris des mesures pour lever les incertitudes qui planent sur les actifs compromis figurant au bilan des banques, mais d’autres pays devront sans doute suivre leur exemple. De même, et en particulier lorsque les règles comptables en vigueur ne donnent qu’une image imprécise des bilans des banques, des tests de résistance peuvent contribuer à rétablir la confiance. Pour que ces tests produisent tous leurs effets, il faut qu’ils apparaissent rigoureux, que leurs résultats soient rendus publics et qu’ils débouchent sur des mesures de recapitalisation le cas échéant.
À terme, cependant, les différentes interventions publiques destinées à stabiliser le système financier devront être démantelées. Cela nécessitera probablement une certaine coordination entre les pays pour éviter que la crainte d’être désavantagé sur le plan de la concurrence ne pousse certains à l’immobilisme. Des réformes de la réglementation et de la surveillance, cruciales pour l’avenir, devront être mises en oeuvre afin de limiter le risque de nouvelles crises financières. Certaines d’entre elles pèseront sans doute sur les profits et seront mal perçues par les établissements réglementés. D’autres se heurteront à une certaine résistance parce qu’elles remettront en cause des structures administratives existantes. Elles devront donc être entreprises avant que le souvenir de la crise ne se soit trop estompé.
Les budgets publics jouent aussi un rôle d’amortissement très important pour l’activité économique pendant la phase de repli, principalement par le biais des stabilisateurs automatiques et d’une expansion budgétaire discrétionnaire. Par conséquent, les déficits publics se sont creusés de façon spectaculaire, mais inévitable. De fait, comme la reprise qui se profile sera sans doute faible, il est important que les plans de relance budgétaire décidés soient mis en oeuvre dans les délais prévus et que les mesures prises ne soient pas démantelées trop rapidement, au risque de compromettre la reprise.
Cependant, un effort considérable d’assainissement budgétaire sera en définitive nécessaire dans beaucoup de pays. Certains États ont déjà annoncé des programmes d’assainissement à moyen terme, et d’autres vont devoir faire de même. Annoncer ces programmes suffisamment tôt, même si leur application est subordonnée à l’évolution effective de la conjoncture, permettra de stabiliser les anticipations des épargnants et des investisseurs sur le moyen terme et, par là même, de limiter le coût du financement d’une dette publique beaucoup plus élevée. Les besoins d’assainissement sont évidemment différents suivant les pays, mais l’analyse présentée dans le chapitre spécial des présentes Perspectives intitulé « Au-delà de la crise : Enjeux à moyen terme concernant la production potentielle, le chômage et les situations budgétaires » révèle que même les pays accusant d’importants déficits à court terme peuvent atteindre l’équilibre budgétaire sur le moyen terme, ou du moins réduire sensiblement leurs déficits, à condition de prendre des mesures d’assainissement vigoureuses, mais pas sans précédent.
Une fois que la reprise sera suffisamment ferme, l’assainissement devra être mené de manière à ne pas compromettre les perspectives de croissance à long terme. En d’autres termes, il faudra s’efforcer autant que possible de réduire les dépenses publiques qui ne soutiennent pas la croissance et, lorsqu’il sera nécessaire d’accroître les recettes fiscales, privilégier les impôts à large assise qui engendrent le moins de distorsions dans les décisions économiques des producteurs, des consommateurs et des investisseurs.
Il est particulièrement important d’éviter que l’assainissement nuise aux perspectives à long terme parce que la crise elle-même va sans doute avoir un tel effet. Une partie de l’augmentation du chômage va probablement prendre un caractère structurel et le stock de capital risque fort d’être durablement réduit à la suite de la crise. Il faut espérer que les réformes passées des marchés du travail limiteront l’augmentation du chômage structurel. Malgré tout, de nouvelles réformes seront indispensables pour permettre aux chômeurs de rester en contact avec le marché du travail et d’être prêts à prendre les nouveaux emplois qui leur seront offerts. Parallèlement, il faut absolument veiller à ce que les interventions motivées par la crise sur les marchés de produits et les marchés financiers ne compromettent pas, à terme, la santé de l’économie. Quand aux pressions en faveur du protectionnisme, qui peuvent prendre de multiples formes, il faut y résister. De fait, des processus de libéralisation comme le Programme de Doha pour le développement non seulement seraient bénéfiques pour la croissance à long terme mais contribueraient très utilement à raffermir la confiance dans les circonstances actuelles.
Plus généralement, à mesure que la crise sort de sa phase la plus aiguë, le temps est sans doute venu de réfléchir aux principes généraux qui régissent la politique économique. Des réformes structurelles seront indispensables pour favoriser une croissance durable et pour permettre aux économies de mieux résister aux chocs. Mais il faudra aussi analyser le rôle joué par les politiques macroéconomiques au cours de la période qui a précédé la crise et apporter les modifications qui s’imposent aux cadres d’action dans ce domaine. Il faudra en particulier s’efforcer de déterminer si la politique monétaire peut contribuer à éviter l’apparition de problèmes financiers et de risques liés à la valorisation des actifs et comment elle peut le faire, quel rôle les politiques macroprudentielles peuvent jouer à cet égard et comment la conduite de la politique budgétaire peut permettre de conserver une marge de manoeuvre en cas de crise.
Pour résumer, il semblerait que le pire ait été évité et que les économies des pays de l’OCDE soient sur le point de se stabiliser. Même si la reprise qui s’annonce est lente, ce résultat est remarquable en termes de politique économique. Mais le temps n’est pas venu de relâcher nos efforts, et il va falloir au contraire nous employer encore plus résolument à veiller à ce que la reprise se poursuive et débouche sur une croissance durable sur le long terme.
Le 17 juin 2009
Jorgen Elmeskov
Chef du Département des Affaires économiques par intérim

Sources: OCDE Tous droits réservés
Photographie: Tous droits réservés



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