Luxembourg: Asselborn constate les gesticulations du président français! Par Didier REMER



Jean Asselborn ne le cache plus, pour lui, le président français gesticule de trop! Nicolas Sarkozy est bien la "bête noire" du ministre des affaires étrangères luxembourgeois qui ne digère toujours pas le dernier G20 de Londres. Sommet dont les décisions sont à ses yeux que pures gesticulations des grands états dont la France en ligne de mire. Toujours et encore! Gesticulations dont cette fameuse liste grise "cause des préjudices!". Le ministre des affaires étrangères Jean Asselborn semble reconnaître qu'il lui sera bien impossible de faire le poids et donc de résister, il regrette tout juste de n'avoir pas fait l'objet d'un traitement qu'il considère encore loin d'une exemplaire équité, il replace ainsi dans le débat la notion de solidarité européenne si chère au premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker... Du côté français on parle "d'un ministre aigris d'une liste grise, mais qui se conforme tout de même à l'esprit des objectifs du g20, l'essentiel en fait! Que le président gesticule de trop ou pas assez, il est au moins dans l'action, la présidence française de l'Union Européenne par Nicolas Sarkozy s'est démarquée par un style actif, ce que personne ne peut contester, à l'image du ministre luxembourgeois Asselborn qui semble encore s'en émouvoir!" Souligne un diplomate. Il faut dire que le Luxembourg vient de signer avec les Etats-Unis un accord comme celui que recommande l'article 26 de l'OCDE pour se voir effacer de la fameuse liste grise... Il y a les paroles, et puis finalement les actes... De ce point de vue, les actes de nos amis luxembourgeois sont bien la démonstration que résister n'est peut être pas la meilleure spécialité d'un état qui regrette que "le club de l'Union Européenne" lui soit moins favorable que le "club des (ex) paradis fiscaux"...


Interview Jean Asselborn au sujet de la politique fiscale du Luxembourg



"Radio Suisse Romande" du 24-05-2009

RSR: Ministre des Affaires étrangères du Grand-Duché de Luxembourg, Vice-Premier ministre également. Le Luxembourg comme la Suisse a signé deux accords de double imposition, pouvez-vous nous dire avec quels pays?
Jean Asselborn: Oui. Nous respectons notre engagement du 13 mars. Au Luxembourg c'est tout à fait public, nous avons signé maintenant avec le Bahreïn et avec les États-Unis, donc au mois de mai. Enfin, nous respectons ce que nous avons dit, c'est-à-dire lever l'exception du secret bancaire dans les accords de non-double imposition en cas de demande et puis on va essayer d'avoir ces 12 accords jusqu'à la fin de l'année en cours. On ne signe pas avec le Groenland et avec les îles Féroé, vous savez, donc on signe avec les pays comme les USA, comme le Bahreïn et d'autres.
RSR: Avec les USA ça a été facile? On sait que la Suisse négocie également avec les États-Unis.
Jean Asselborn: Oui, vous savez, au Luxembourg, c'est le ministre compétent pour la place financière et son administration qui l’ont fait, donc c'est le ministre du Trésor. Je ne pense pas que ça a été d'une difficulté énorme, parce qu’au bout de quelques semaines nous avons trouvé un accord et nous cherchons maintenant des accords avec d'autres. Mais nous avons un petit problème, enfin démocratique, nous avons des élections parlementaires. Le parlement sera dissout. Donc, simultanément avec les élections européennes du 7 juin, on va élire un nouveau parlement, donc forcément aussi un nouveau gouvernement. Je suis sûr que, quel que soit ce gouvernement, il doit s'y mettre pour que notre engagement de trouver au moins 12 accords jusqu’à la fin de l'année, donc que cet engagement soit respecté.
RSR: Entre vous, dans le gouvernement, vous êtes sur la même ligne? Vous êtes tous derrière votre collègue du budget Luc Frieden?
Jean Asselborn: Oui évidemment on est tous derrière, c'est un engagement que nous avons pris en tant que pays et nous respectons cet engagement.
RSR: On apprend que vous êtes également en négociation avec le Liechtenstein. Bientôt un troisième accord, on peut espérer? Au fond, quel intérêt avez-vous de signer avec un pays qui est très similaire du vôtre, qui a le même type d'activités?
Jean Asselborn: Écoutez, Monsieur, vous avez dit qu'en Suisse apparemment deux accords ont été signés. Chez nous les accords signés sont publics, les accords non-signés ne sont pas publics.
RSR: Et un accord entre le Luxembourg et la Suisse ce serait imaginable selon vous?
Jean Asselborn: Évidemment. Aucun problème.
RSR: La position du Luxembourg au sein de l'Union était toujours aussi délicate, on vous a déjà entendu sur notre antenne, est-ce que la pression baisse un peu?
Jean Asselborn: Je pense qu’au sein de l'Union européenne, nous traversons une phase un peu tendue. Nous nous trouvons avant des élections européennes, une nouvelle Commission sera constituée, et nous espérons qu'enfin on puisse en terminer avec le traité de Lisbonne avec le référendum en Irlande et puis la position des deux présidents en République Tchèque et en Pologne. Mais je dois vous dire que chez nous ici la position des participants européens au G20 a eu une répercussion et a laissé un drôle de sentiment. Parce qu'on lit une certaine tendance et pas seulement au Luxembourg, que Paris, Berlin et Londres décident et que tous les autres doivent suivre. Ça ce n’est pas l'idée européenne, ce n’est pas l'essence de l'Union européenne. Il ne faut pas que des clubs se créent à l’intérieur du club. L’UE c'est une communauté solidaire. Le Luxembourg n'est pas le seul pays qui constate avec étonnement surtout les gesticulations du Président français. Je pense que les intérêts nationaux des grands ne doivent pas primer sur les intérêts des 27.
RSR: Jean Asselborn, on a l'impression que la résistance s'effrite un petit peu, on voit la Belgique qui s'est plus ou moins engagée pour l'échange automatique, le Luxembourg, l'Autriche, vous restez déterminés à résister malgré votre peu de poids?
Jean Asselborn: Ecoutez, on ne résiste pas, on fait ce qu'on nous a demandé. On respecte notre engagement du 13 mars. Ce que je vous ai dit maintenant est peut-être au-delà de ce qui se passe avec le secret bancaire ou avec les accords de non-double imposition. Cette inscription, vous savez, sur la liste noire qui est devenue grise, ce n'était pas accordé au Conseil européen, ce n'était pas l'engagement du Conseil européen. Ça va à l'encontre de ce qui a été décidé et c'est pour cela que ça nous fait un peu mal. Mais bon, écoutez, vous allez voir que le Luxembourg, et j'espère aussi la Suisse, va conclure les 12 accords et puis on sera rayé de cette liste grise qui nous cause quand même des préjudices.
RSR: Merci beaucoup, Jean Asselborn, je rappelle que vous êtes ministre des Affaires étrangères du Grand-Duché de Luxembourg, Vice-Premier ministre également. Très bonne soirée. Merci.
Jean Asselborn: Merci.


Source: Radio Suisse Romande/ Gouvernement Luxembourgeois
Tous droits réservés

Photographie: S E M Jean Asselborn Tous droits réservés

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